La banque centrale chinoise a fixé pour mercredi le taux pivot du yuan à 6,9996 pour un dollar. Il s’agit de son niveau le plus bas depuis mai 2008. Cette dévaluation vise à faire face aux conséquences des sanctions américaines infligées dans le cadre de la guerre commerciale. Mais pour Washington, Pékin essaie de manipuler sa monnaie.
Le yuan recule depuis trois jours
Selon l’agence Reuters, des banques publiques chinoises sont intervenues cette semaine sur le marché des « forwards » dans le but de restreindre l’offre de dollars et de soutenir la monnaie chinoise. Le yuan a alors franchi lundi le seuil symbolique des 7 yuans (7,0480) pour un dollar, son niveau le plus bas depuis 11 ans. Mardi la devise s’était stabilisée avant de se fixer ce mercredi sur le taux pivot de 6,9996 pour un dollar, soit un repli de 0,44% par rapport à la veille. Frances Cheung, responsable de la stratégie macro Asie chez Westpac à Singapour, a expliqué que « Les mouvements sur les forwards pourraient refléter un resserrement de la liquidité en dollars au moment où certains intervenants ont besoin d’acheter des dollars spot pour les revendre ensuite à terme ». Se faisant, le marché des changes devient la nouvelle étape des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis.
Le décrochage en trois jours de la devise chinoise intervient après la menace du président américain Donald Trump d’étendre des droits de douane supplémentaires à la quasi-totalité des importations en provenance de Chine à compter du 1er septembre.
Une dévaluation à double tranchant
Pékin espère que cette baisse du yuan en trois jours atténuera les effets de la hausse des taxes douanières américaines sur les produits chinois et favorisera les exportations chinoises. Mais ce décrochage de la devise chinoise est un couteau à double tranchant. En effet, il risque de provoquer une fuite des capitaux étrangers et décourager les investisseurs. Ceux-ci seront tentés de vendre leurs actifs en yuan pour se voler vers d’autres marchés plus stables. Ce flux massif s’était déjà produit en 2015 avec la fuite de 500 milliards de dollars à cause de l’affaiblissement du yuan face au billet vert. Les produits importés coûteront également chers, comme le pétrole que la Chine importe en grande quantité.
Washington à nouveau conciliant
Du côté des Etats Unis, on accuse la Chine de manipuler sa monnaie pour s’en sortir à bon compte, alors que la Banque centrale chinoise autorise quotidiennement sa devise à fluctuer de plus ou moins 2% par rapport au taux pivot. Toutefois, Washington tend à nouveau la carotte à Pékin. Le principal conseiller économique du président américain, Larry Kudlow, a par exemple indiqué que Donald Trump voulait toujours un accord commercial avec la Chine « mais seulement à condition que ce soit un bon accord ».
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