Vendredi, le peso argentin a dégringolé après la dégradation de la note souveraine du pays par les trois principales agences de notation internationales. La banque centrale a restreint l’accès des institutions financières à cette monnaie. L’annonce a été perçue par des analystes comme des restrictions à la libre circulation des capitaux.
« Augmenter la liquidité du système afin d’éviter tout manque d’argent »
Le peso argentin poursuit sa descente aux enfers. Vendredi après-midi, la devise de la deuxième économie d’Amérique du Sud a perdu près de 3% vendredi face au dollar et affiche sur l’ensemble du mois d’août une chute de 26,3%, soit sa pire performance annuelle. La dégringolade d’août porte à 36% sa baisse depuis le début 2019.
Ces dernières semaines, la chute du peso a obligé la banque centrale à multiplier les interventions sur le marché des changes en puisant dans ses réserves de devises. Vendredi, elle a annoncé que « Les institutions financières doivent obtenir une autorisation préalable » de sa part « pour distribuer leurs résultats ». La banque centrale a ensuite précisé dans un communiqué que cette mesure visait à assurer le maintien de la liquidité du système financier afin que les déposants puissent retirer de l’argent quand ils le souhaitent. « En temps de montée de l’incertitude, nous cherchons à augmenter la liquidité du système afin d’éviter tout manque d’argent », a-t-elle écrit.
Une restriction de la disponibilité du peso
Pour les observateurs indépendants, la décision de la banque centrale revient tout simplement à limiter l’accès des banques au peso. « La banque centrale ne leur permet pas de distribuer leurs résultats, cela signifie qu’elles ne peuvent pas utiliser leurs pesos. Ce n’est pas une restriction de l’accès au marché des changes mais de la disponibilité du peso », a analysé une source auprès de l’agence Reuters.
Dans la foulée, les principales agences de notations internationales ont dégradé la note souveraine du pays. L’agence Standard & Poor’s l’a abaissé de trois échelons, l’enfonçant un peu plus en catégorie spéculative (« junk ») à CCC-. Ce qui a eu pour effet de déclencher des ventes par de grands fonds de pension. Fitch a aussi ramené vendredi sa note à « RD » pour « restricted default » (défaut partiel) tandis que Moody’s décrochait la sienne à Caa2 en précisant qu’elle n’excluait pas de la dégrader de nouveau.
La victoire d’Alberto Fernandez fait craindre les marchés
Cette crise a été déclenchée le 11 août dernier à l’issue des primaires en vue de l’élection présidentielle d’octobre. Le président sortant, le libéral Mauricio Macri, a essuyé une cinglante défaite face au candidat «péroniste» (populiste) Alberto Fernandez. Bien qu’attendu, ce résultat a créé la panique chez les investisseurs et fait dégringoler la devise ainsi que la Bourse.
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