Alstom a proposé jeudi de céder son usine alsacienne de Reichshoffen afin d’obtenir l’aval de la Commission européenne pour le projet d’acquisition des activités de transport ferroviaire de Bombardier.
Pour acquérir le canadien Bombardier Transport, Alstom envisage de sacrifier son usine de trains régionaux située à Reichshoffen, dans le Bas-Rhin. Cette cession répond à une politique européenne refusant tout monopole entre les entreprises d’un même secteur. Ainsi, le groupe allemand Siemens, qui avait proposé la reprise d’Alstom en février 2019, a essuyé le veto de Bruxelles. La Commission européenne explique qu’« une concentration aurait porté atteinte à la concurrence sur les marchés des systèmes de signalisation ferroviaire et des trains à très grande vitesse ».
« Pour répondre aux préoccupations initiales de la Commission européenne, Alstom, en coordination avec Bombardier Transport et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDQP), annonce aujourd’hui son intention de soumettre un certain nombre d’engagements », a indiqué le groupe d’ingénierie des transports dans un communiqué. Parmi ces engagements, la cession du site de Reichshoffen en France qui produit les trains régionaux Coradia Polyvalent et emploie environ 800 personnes.
Plusieurs autres concessions faites à Bruxelles
Selon trois sources proches du dossier, Alstom est prêt à d’autres concessions auprès de Bruxelles. Le groupe a notamment proposé un transfert de la contribution de Bombardier Transport pour le train à très grande vitesse V300 ZEFIRO, la cession de la plateforme Bombardier TALENT 3 et des installations de production correspondantes situées sur le site de Hennigsdorf en Allemagne. Il promet en outre la fourniture d’un accès à des tiers à certaines interfaces et produits des différentes unités de signalisation embarquée de Bombardier Transport et de systèmes de gestion du contrôle des trains (TCMS).
Grâce aux garanties présentées à Bruxelles, Alstom espère finaliser le rachat des activités ferroviaires de Bombardier pour le premier semestre 2021. La veille de ces annonces, le PDG d’Alstom Henri Poupart-Lafarge évoquait des discussions en bonne voie avec l’exécutif européen. « Le dialogue avec la Commission européenne se passe de manière tout à fait fluide », déclarait-il à l’occasion de l’assemblée générale du groupe. « Nous sommes en train de discuter avec l’ensemble des autorités […] de concurrence à travers le monde pour voir si elles ont des objections. Aujourd’hui, ce processus se passe extrêmement bien », a-t-il ajouté.
Des inquiétudes sur les emplois
Les engagements d’Alstom risquent de renforcer les inquiétudes des syndicats sur d’éventuelles suppressions de postes dans les usines. « Nous revendiquons le maintien de tous les emplois sur chaque site d’Alstom, de Bombardier et chez leurs sous-traitants respectifs », a réagi le syndicat Force ouvrière. « Nous nous opposons à toute cession ou fermeture de site tant chez Alstom que chez Bombardier », insiste-t-il. En février dernier, le PDG d’Alstom assurait qu’« Il n’y a pas du tout l’idée de restructurations ou de menace sur l’emploi dans cette acquisition, bien au contraire ».
La Commission européenne doit donner son avis sur cette opération à 6,2 milliards d’euros d’ici le 16 juillet. Si elle exprime des doutes sur ce projet, elle pourrait toutefois décider l’ouverture d’une enquête approfondie de quatre mois supplémentaires.
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