L’eau de mer, il y en a en abondance sur Terre. Mais elle est trop salée. On a toujours rêvé de la voir transformée en eau douce pour pouvoir la consommer et résoudre la crise de l’eau. C’est ce que fait à peu près Osmosun, une ambitieuse société chartraine.
Depuis cet été, le port de Saint-Cyprien, dans les Pyrénées-Orientales, abrite un système innovant qui transforme l’eau de mer en eau douce. Il s’agit plus exactement d’une unité de dessalement fournie par Osmosun (ex Mascara NT), une PME industrielle de Chartres (Eure-et-Loir) spécialisée dans les solutions de dessalement.
Jusqu’à 200 litres produits par heure
La technologie d’Osmosun, appelée l’osmose inverse, permet de débarrasser l’eau de mer du sel et d’autres impuretés. Concrètement, l’unité filtre l’eau par pression, en retenant les impuretés pour ne laisser passer que les molécules d’eau, sans sel marin. Dans le port de Saint-Cyprien, la PME industrielle récupère directement l’eau dans la mer proche, puis la prétraite avant de l’envoyer dans l’installation de dessalement. Là, l’eau subit une purification au chlorure pour se transformer en eau douce et finir dans une cuve. Chaque heure, l’unité peut produire jusqu’à 0,2 m3 (soit 200 litres) d’eau douce.
Pour le nettoyage de bateaux dans les ports
Malheureusement, pour l’instant en tout cas, l’eau transformée ne sert pas à la consommation humaine. Elle est plutôt utilisée pour nettoyer les bateaux du port de Saint-Cyprien. D’une capacité journalière de production d’eau douce de 4,8 m3, l’unité installée en ce lieu permet de nettoyer entre 60 et 80 bateaux par jour, selon Osmosun. Depuis 2015, année au cours de laquelle la technologie a été brevetée, l’entreprise a produit plus de 2 millions de m3 d’eau douce sur plus de 60 sites.
Une production à partir d’énergies renouvelables
Notons que le procédé employé par Osmosun n’est pas nouveau. Toutes les usines de dessalement dans le monde l’utilisent. Mais l’ingéniosité de la société chartraine réside dans le recours aux énergies renouvelables (l’énergie solaire en particulier) pour alimenter les unités. La production ne génère donc aucune pollution, contrairement aux autres opérations de ce genre. « Avec notre technologie nous apportons une nouvelle proposition de valeur pour nous et notre planète et de manière durable », a relevé Maxime Haudebourg, co-fondateur et DG d’Osmosun.
Un risque environnemental à cause de la saumure ?
Toutefois, compte tenu du rejet de la saumure dans la mer comme déchet issu du processus, certaines organisations pointent un risque environnemental. Ce liquide étant fortement salé fini pour des eaux portuaires. Mais Osmosun explique que sa solution permet de faire baisser la salinité de l’eau rejetée sous la barre des 45 g/l. Or la salinité naturelle de la mer s’élève à 37 g/l. Ainsi, l’impact sur l’écosystème marin serait limité.
Une importance capitale à l’heure du stress hydrique
Ce danger écarté, la technologie de la PME chartraine ne présente que des bénéfices pour l’homme et pour la nature. Alors que la croissance démographique et le changement climatique exercent une pression de plus en plus forte sur les ressources en eau existantes, elle pourrait sauver l’Humanité et la planète dans le futur. A condition que l’eau produite soit propre à la consommation, en plus d’éviter le gaspillage dans les stations de lavage.
Un marché prometteur pour Osmosun
Le dessalement de l’eau de mer est d’autant crucial que près de 70% de la planète est recouverte d’eau salée. Des startups comme Osmosun ont donc un bel avenir. Et on comprend pourquoi cette entreprise a fait son entrée en bourse. A présent, elle vise un chiffre d’affaires de plus de 20 millions d’euros en 2025 et de 48 millions d’euros à horizon 2027, contre 4,6 millions d’euros en 2022. Mais elle n’est pas seule sur ce marché en France comme dans le monde. Dans les Pyrénées-Orientales, d’ailleurs, il y a la société Texep qui produit de l’eau pour nettoyer les rues de Port-Vendres.
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