Rachetée par le fonds d’investissement HLD il y a deux ans, Photonis, récemment rebaptisée Exosens, explose. En pleine croissance, l’entreprise veut s’imposer au niveau international dans le secteur des technologies de détection et d’imagerie pour l’industrie et la défense.
En 2021, ni Thales, ni Safran ne voulaient la racheter. Mais de qui parle-t-on ? Photonis, cette entreprise experte des technologies de vision nocturne pour l’armée, et mise en vente par son actionnaire de l’époque, le fonds d’investissement Ardian. Après s’être opposés à son rachat par la société américaine Teledyne, la direction générale des armées (DGA) et Bercy avaient validé sa reprise par le groupe d’investissement HLD dirigé par Jean-Bernard Lafonta. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont vu juste.
Deux ans plus tard, Photonis, dont un tiers de ses salariés exercent en France, s’est renommée Exosens. L’entreprise superforme et affiche une stratégie de croissance ambitieuse grâce à l’appui de son nouvel actionnaire. « L’objectif était de doubler l’activité en 5 ans. On a été beaucoup plus vite que prévu. L’objectif est de poursuivre sur ce rythme », affirme Jean-Hubert Vial, partner chez HLD.
Depuis 2021, l’ex-PME est devenue une ETI voulant s’attaquer au marché de la détection et de l’imagerie pour la défense et l’industrie. Photonis devrait réaliser un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros à la fin de l’année, contre 217 millions en 2022. « Tous nos marchés sont en croissance », se réjouit le PDG de Photonis Jérôme Cerisier. En plus de la défense, le groupe cible aussi les marchés de l’énergie nucléaire, du contrôle industriel et des sciences de la vie.
Son succès est tiré par son volet Défense (70% de ses revenus) et ses tubes intensificateurs de lumières pour les jumelles de vision nocturne des militaires. « Avec la guerre en Ukraine, les pays ont accéléré leurs investissements dans les équipements de défense. Dans le domaine de la vision nocturne, les armées veulent les dernières technologies et elles renouvellent donc régulièrement leur matériel », précise Jérôme Cerisier.
Photonis équipe aujourd’hui toutes les armées de l’OTAN, sauf celle des Etats-Unis, qui privilégie la filiale du groupe de défense israélien Elbit ou les fournisseurs locaux comme L3 Harris. Quoi qu’il en soit, Photonis affirme occuper 70% des marchés en concurrence des tubes intensificateurs de lumière (hors Chine, USA, Russie). « Notre production se chiffre en dizaines de milliers de tubes par an », informe le PDG.
Pour faire face à la demande de ses clients et augmenter ses productions, Photonis a investi 30 millions d’euros dans ses usines situées à Brive-La-Gaillarde (Corrèze) et Roden (Pays-Bas) ces dernières années. 250 salariés ont également été recrutés pour étoffer les effectifs de production.
L’ETI mise aussi sur la croissance externe et peut profiter de l’expertise des équipes de Jean-Bernard Lafonta qui ont déjà mené 70 opérations de ce genre depuis 2010. Ainsi, en l’espace de 8 mois, Photonis a effectué quatre acquisitions. Afin d’agrandir son portefeuille de technologies, l’entreprise à mis la main sur le groupe israélien El-mul en juillet (solution de détection d’électrons et d’ions), le canadien Telops (expert de l’imagerie infrarouge hyperspectrale) et la société allemande PorxiVision GmbH (solutions de détection dans l’ultraviolet) en avril, et l’entreprise belge Xenics (imagerie infrarouge) en décembre dernier. Soit des rachats pour un total d’une centaine de millions d’euros.
Photonis ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il s’est fixé comme objectif de multiplier par deux son activité à l’horizon 2028.
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