Attac a apporté lundi au ministère de l’Economie et des Finances un « chèque » de 60 milliards d’euros, censé montrer au gouvernement comment réduire le déficit public. Selon l’ONG environnementale, il suffit de taxer les très riches, au lieu de tailler dans les dépenses comme voudrait le faire l’exécutif.
Une dizaine de militants d’Attac a pris d’assaut lundi, en début de journée, le ministère de l’Economie et des Finances avec un « chèque » de 60 milliards d’euros. Ce facsimilé d’environ 2 mètres carrés représente la manière dont l’exécutif pourrait combler le déficit public en taxant les très riches.
60 milliards à récupérer dès cet été, d’après Attac
Lorsqu’ils sont arrivés à Bercy, les activistes d’Attac ont demandé à rencontrer Bruno Le Maire, mais ont été éconduits poliment. Qu’importe, c’est l’action qui comptait. Youlie Yamamoto, l’une des porte-parole de l’association, a déclaré que ces 60 milliards sont ce que le gouvernement pourrait récupérer dès cet été, avec un projet de loi de finances rectificative axé sur la taxation de la manne financière des plus riches.
Pour combler le déficit public qui a dérapé en 2023
La militante altermondialiste a appelé Bercy à abandonner son idée de « sabrer dans les budgets socio-écologiques » et à cesser de « faire les poches des précaires ». Elle pense que cette approche ne permettra pas de résorber le déficit public, très supérieur aux attentes (5,5 % en 2023 contre 4,9 % espéré). M. Yamamoto rappelle à l’équipe de Bruno Le Maire que les Français subissent de plein fouet l’inflation, tandis que les grands groupes font des superprofits.
De la nécessité de mettre fin à une triple injustice
Attac s’insurge aussi contre « la gabegie des cadeaux fiscaux [qui] se fait au détriment des investissements publics nécessaires pour le financement de la transition climatique ». En outre, l’organisation estime que les coupes dans les dépenses publiques constituent une « injustice fiscale, sociale et écologique ». Elle fait remarquer qu’il existe des alternatives à mettre en œuvre pour changer cette situation.
Six mesures d’urgence pour récupérer de l’argent
Attac propose six mesures d’urgence pour en finir avec cette injustice fiscale, sociale et écologique. D’abord, l’association suggère de taxer les superprofits pour récupérer 10 à 20 milliards d’euros. Ensuite d’instaurer une taxation unitaire de l’évasion fiscale pour capter 18 milliards. Puis d’imposer un véritable impôt sur la fortune pour gagner 10 milliards d’euros.
L’Etat a annoncé 30 milliards d’euros d’économies sur 2024-2025
Par ailleurs, Attac souhaite que l’Etat ponctionne sur la transmission des gros patrimoines, les niches fiscales et sociales et les revenus financiers. Cela permettrait de gagner respectivement 5 à 10 milliards d’euros, 15 à 20 milliards et 2 milliards d’euros. Notons que l’Etat a déjà annoncé 30 milliards d’euros d’économies sur 2024-2025, mais n’a pas parlé d’augmentation d’impôts. Néanmoins, il a lancé une réflexion sur une taxation des rentes, même si l’idée reste floue.
Attac lance une grande pétition pour mettre la pression sur Bercy
La réticence de l’exécutif semble d’autant incompréhensible que 84% des Français souhaitent une taxation des superprofits pour réduire le déficit, et 76% réclament l’augmentation des impôts des plus riches, selon un sondage Elabe pour les Echos. Face aux hésitations de l’Etat, Attac lance une grande pétition. « En signant cette pétition, vous contribuez à mettre la pression sur Bruno Le Maire et le gouvernement pour obtenir la mise en application d’urgence des (six) mesures », écrit l’ONG.
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