Le ralentissement des ventes de voiture électrique pourrait coûter jusqu’à 15 milliards d’euros d’amendes aux constructeurs automobiles européens en 2025. C’est qu’affirme le PDG de Renault, Luca de Meo. Pour éviter cette peine, le dirigeant demande plus de flexibilité à l’Union européenne dans l’application de l’échéance sur la réduction des émissions de CO2.
Dans le cadre de la transition écologique, l’Union européenne adopte une politique stricte pour mettre fin à la commercialisation de véhicules thermiques neufs sur le Vieux Continent d’ici 2035. Elle impose notamment aux constructeurs automobiles de plafonner les émissions de CO2 des véhicules neufs à 116 g/km en 2024, puis à 94 g/km en 2025. Une manière de les contraindre à produire plus de voitures électriques (VE).
La voiture électrique ne pèse que 12,5% du marché automobile européen
Or, le marché des VE traverse une période critique. En août, ces véhicules dits durables ne représentaient que 12,5% du marché automobile européen, avec une baisse de 10,8% des ventes sur un an. Illustration du ralentissement en cours, plusieurs constructeurs ont réduit plusieurs fois les prix de leurs voitures pour conserver des parts de marché. Certains ont également baissé leurs investissements dans la motorisation électrique, en termes de capacités comme de personnel.
La voiture électrique a atteint un plafond
Le marché ayant atteint une maturation, il devait bien finir par ralentir, ne pouvant pas augmenter de 50 à 100% tous les ans. Cette évolution logique et attendue intervient toutefois bien plus tôt que prévu en Europe, comme ailleurs dans le monde. Ce qui contraint les constructeurs automobiles a des ajustements difficiles. Aussi, cette situation rend encore plus irréalistes les objectifs gouvernementaux d’électrification à marches forcées.
Des pénalités de 95 euros par gramme de CO2 excédentaire à partir de 2025
Le ralentissement actuel de la croissance des véhicules électriques pourrait malheureusement coûter cher aux fabricants. La réglementation leur impose une réduction de 15 % des émissions de CO2 d’ici à 2025. En cas de non-conformité, elle prévoit des pénalités de 95 euros par gramme de CO2 excédentaire, multiplié par le nombre de voitures vendues. En faisant un calcul, le PDG de Renault, Luca de Meo, estime que les constructeurs automobiles européens devraient payer jusqu’à 15 milliards d’euros d’amendes en 2025.
Le PDG de Renault plaide pour plus de flexibilité dans les politiques européennes
Si les fabricants veulent échapper à cette sanction financière, ils devront au moins renoncer à la production de plus de 2,5 millions de voitures, en tenant compte du ralentissement de la croissance des VE. En effet, un véhicule électrique permettrait de compenser quatre voitures thermiques. « Tout le monde parle de 2035, dans 10 ans, mais nous devrions parler de 2025 parce que nous sommes déjà en difficulté », a déclaré Luca de Meo. Le dirigeant plaide pour plus de flexibilité dans les politiques européennes en matière d’émissions de CO2 dans le secteur automobile.
Les amendes représenteraient une bonne partie des bénéfices
« Mettre simplement des échéances et des amendes sans avoir la possibilité de flexibiliser ça, c’est très dangereux », s’est plaint le PDG de Renault. Si la réglementation n’est pas assouplie et que les sanctions tombent, avertit-il, des groupes pourraient se retrouver dans une situation financière difficile. Notamment Renault, qui pourrait faire face à une pénalité de plus d’un milliard d’euros, soit 28 % de son bénéfice. Ou Volkswagen, qui risque une amende de 4 milliards d’euros, soit 19 % de son bénéfice avant intérêts et impôts.
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