Alors que l’étau se resserre autour du parrainage des jeux d’argent, le football anglais se tourne de plus en plus vers l’industrie des cryptomonnaies pour renflouer ses caisses.
Un afflux sans précédent d’argent crypto est en train de transformer en profondeur l’économie de la Premier League (PL), la ligue de football professionnel d’Angleterre réputée être de loin, la plus riche du Vieux continent. La source ? L’industrie aussi volatile que foisonnante de ressources de la cryptomonnaie.
Les chiffres évoqués par l’agence de parrainage sportif, SportQuake, sont à cet effet éloquents. Ils indiquent que pour la saison 2024/25, les clubs de l’élite anglaise ont conclu pour près de 130 millions de livres sterling d’accords avec des entreprises comme Kraken, OKX ou encore Binance.
Soit une augmentation de plus de 50% par rapport à la saison précédente à la date du 2 octobre 2024. Et cette manne devrait continuer de croître à mesure que de nouveaux partenariats sont signés. Le procédé consiste à monnayer maillot, stade ou droits de dénominations « naming rights » contre la promesse d’importants versements de fonds.
La revanche de la crypto ?
Cet afflux d’argent se présente comme une affaire gagnant-gagnant pour chacune des parties. À commencer par les clubs pressés de se trouver d’autres sources de revenus dans la perspective d’une interdiction imminente des sponsors de paris sportifs sur les maillots d’ici 2026. D’où les cryptomonnaies considérées comme une manne financière providentielle.
Pour ces entreprises de monnaies numériques toujours en quête de légitimité face à une réglementation tatillonne, c’est l’occasion de se positionner pour tenter de redorer leur blason. D’autant que les scandales et les effondrements spectaculaires ont entaché le secteur en 2022.
À en croire Matt House, directeur général de SportQuake interrogé par Bloomberg, les sociétés de crypto entendent avant tout utiliser la Premier League comme vitrine médiatique pour leurs marques, plutôt que pour pousser directement leurs services.
Entre opportunités et zones d’ombre
Mais à quel prix ? La question reste posée alors que la volatilité des monnaies virtuelles reste une inconnue sur le long terme. Que se passera-t-il si les cours s’effondrent ? En s’associant à des acteurs aussi controversés, les clubs ne prennent-ils pas le risque de nuire à leur propre réputation ?
L’exemple de Sorare, spécialiste français des NFT qui avait signé un contrat pluriannuel avec la Premier League pour un jeu en ligne, en atteste. La société se retrouve aujourd’hui poursuivie par les autorités de régulation pour avoir enfreint le cadre réglementaire.
Même si les contrats incluent désormais des clauses de sortie en cas de préjudice réputationnel majeur, les clubs doivent naviguer avec précaution dans un secteur encore perçu comme instable et potentiellement risqué. Dans tous les cas, le ballon rond n’a pas fini de faire tourner les têtes… et les blockchains.
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