Michelin : la valse des contradictions entre prospérité et restructuration

Malgré des résultats financiers 2024 florissants, le géant du pneumatique français va sabrer dans ses effectifs. Au grand dam de ceux-ci.

Les salariés s’en étaient fait l’écho à l’annonce, en novembre dernier, du plan de fermeture de deux sites de production française (à Cholet et les Vannes) : Michelin n’est vraiment pas à plaindre malgré le contexte économique difficile exacerbé par la concurrence chinoise.

Trois mois plus tard, les chiffres de 2024 viennent conforter cette la réalité de la bonne santé du groupe. Les résultats communiqués le 12 février dernier, font état d’un bénéfice net de 1,9 milliard d’euros avec une marge opérationnelle solide à 12,4%.

Malgré une baisse de 5% des ventes et du résultat, l’entreprise basée à Clermont-Ferrand dans le centre de la France, maintient une trésorerie très élevée à 2,2 milliards d’euros. C’est à peine moins que les 2,3 milliards de 2023, selon le compte rendu du Monde.

L’Asie comme justificative

Il s’agit d’après le journal, d’un des trois meilleurs chiffres du groupe créé en 1889. Des résultats que le PDG Florent Menegaux a qualifiés lui-même de « solides » lors de leur présentation.

C’est d’autant plus vrai que le leader des pneus récompense généreusement ses actionnaires, avec notamment 500 millions d’euros de rachats d’actions prévus pour les deux prochaines années. Pourtant, Michellin s’estime contrainte d’en arriver à la situation des usines de Cholet et Vannes, dont les sorts sont désormais scellés.

Une double-fermeture d’usines devant impacter jusqu’à 1200 salariés d’ici 2026. De quoi susciter l’exaspération de l’ancien Premier ministre Michel Barnier. « J’ai le souci de savoir ce qu’on a fait dans ces groupes de l’argent public qu’on leur a donné. Je veux le savoir », avait-il déclaré, incluant Auchan, qui a également prévu des suppressions de poste.

« Le contexte français et européen est très délicat. Nous avons une arrivée massive des pneus à bas coûts d’Asie ces dernières années qui nous a fait perdre des parts de marché considérables », a rétorqué Florent Menegaux, le 22 janvier 2025, devant les sénateurs.

Une fracture sociale

« Nous sommes aujourd’hui deux fois plus chers, a martelé le patron, nous ne pouvons plus exporter d’Europe« . Une situation d’autant plus préoccupante que la France concentre encore 16% des effectifs du groupe, dont 9000 personnes dans les activités industrielles, pour seulement 9% des ventes.

Son intervention est devenue une référence parmi les grands patrons français, qui y voient l’expression claire de leurs propres préoccupations. Mais la position des syndicats contraste radicalement avec le discours de la direction.

Les représentants du personnel dénoncent auprès du Monde, une stratégie axée sur la maximisation des marges au détriment des volumes de production, conduisant mécaniquement à des surcapacités puis à des fermetures d’usines.

Preuve, d’une fracture marquée entre les différents protagonistes, les quatre organisations syndicales ont par ailleurs unanimement rejeté l’accord salarial 2024, jugé insuffisant au regard des performances financières.

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