
De nombreux chefs d’entreprise hexagonaux rechignent à satisfaire la demande de suspension des investissements prônée par Emmanuel Macron après l’annonce des nouveaux droits de douane de l’administration américaine.
« Ce que dit Macron, je n’en ai rien à cirer », lâche un dirigeant du CAC 40 cité par Le Figaro, au lendemain de la suggestion du président français d’une suspension des investissements aux États-Unis par les entreprises françaises, « tant qu’on n’a pas clarifié les choses avec les États-Unis ».
La clarification dont il s’agit concerne la Commission européenne (UE). Laquelle doit maintenant agir en conséquence face aux 20% de taxes douanières infligées par le nouveau président américain Donald Trump aux importations en provenance de Bruxelles, le 3 avril.
« Un choc, une décision brutale et infondée », selon le locataire de l’Élysée qui a donc réuni autour de lui le même jour, les groupes les plus exposés à cette nouvelle donne. Même si la France devrait mieux résister que d’autres au sein de l’Union en raison de ses exportations vers les États-Unis limitées à 1,5 % du produit intérieur brut (PIB) l’année dernière.
Éviter de faire cavalier seul
Mais en tant qu’une des principales économies de la zone euro, Paris se doit de porter le leadership d’une riposte face à la situation. Laquelle riposte ne devrait pas être courcicuitée par des aventures solitaires. Autrement, des tentatives de négociation individuelle avec un Trump adepte des relations transactionnelles.
« Ils nous appellent déjà », a d’ailleurs affirmé le dirigeant américain il y a quelques jours en référence à de prétendues approches de la part de pays étrangers désireux de négocier. « Si nous avons une vraie solidarité de filière, de continent, nous pourrons arriver à un démantèlement des droits de douane », veut croire Macron, cité par Le Monde.
Mais l’appel présidentiel semble sonner creux auprès d’entrepreneurs plus fidèles à leurs chiffres d’affaires qu’à tout autre concept, compris celui du patriotisme économique national ou communautaire, à en croire des témoignages recueillis par Le Figaro.
De nombreuses voix contraires
« Il est hors de question d’arrêter d’investir aux États-Unis, surtout dans le marasme économique actuel« , affirme ainsi le dirigeant d’un producteur de spiritueux. Pernod-Ricard, par exemple, poursuit la construction d’une distillerie de bourbon dans le Kentucky pour 240 millions d’euros.
Tandis que Dior prévoit d’ouvrir de nouvelles boutiques à New York et Los Angeles dans les prochains mois. Rodolphe Saadé, PDG du géant du transport maritime CMA-CGM ne devrait pas non plus lever le pied de sa promesse d’investir 20 milliards de dollars au pays de l’Oncle Sam.
Il en est de même pour TotalEnergies ou encore Stellantis. Certains dirigeants tentent néanmoins d’adopter une posture plus diplomatique. « Il faut que chacun fasse à son niveau ce qu’il peut pour que la position de l’Europe soit la plus forte possible dans les négociations à venir avec l’Administration Trump« , suggère Alexandre Saubot, patron de France Industrie, alors que tous les regards se tournent vers la Commission européenne.
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