
Le marché du commerce en ligne aux États-Unis, principalement pour les produits en provenance de Chine, devrait désormais connaître une flambée des prix en raison de la récente suppression par l’administration Trump d’une échappatoire fiscale très utilisée par les acteurs de l’industrie.
Les consommateurs américains des plateformes chinoises de e-commerce Shein et Temu sont appelés à mettre davantage la main à la poche depuis le 3 avril 2025. En effet, il n’est plus possible depuis cette date pour ces entreprises réputées low-cost de vendre les produits importés de Chine au même coût que par le passé.
En cause, la fin décidée par les États-Unis de l’exemption dite « de minimis ». Dérivé du latin signifiant « au sujet des choses minimes » ou « de minimum importance », ce terme désigne en droit fiscal de petits avantages ou de faibles gains non soumis à l’impôt en raison de leur insignifiance.
La règle subséquente adoptée par le Congrès américain dans les années 1930 et amendée au fil du temps exemptait ainsi de taxes d’importation les marchandises d’une valeur inférieure à 800 dollars.
Une aubaine pour les entreprises de commerce électronique, bénéficiaires à 83% de cette règle au cours de l’année fiscale 2022, d’après des données gouvernementales américaines rapportées par le Washington Post.
Une échappatoire à plusieurs milliards
Des sites de commerce électronique comme Shein et Temu responsables d’environ 30 % des colis expédiés aux États-Unis chaque jour selon un rapport du Peterson Institute cité par le Post, ont prospéré grâce à cette échappatoire, leur permettant d’éviter de payer des milliards de dollars en droits de douane.
Ces détaillants ont alimenté une explosion des importations depuis l’exercice 2015, période où le nombre d’entrées « de minimis » oscillait autour de 139 millions, d’après les chiffres des services douaniers américains.
Entre cet exercice et 2023, le nombre d’exceptions « de minimis » a augmenté de plus de 600%. En 2024, elles avaient atteint 1,36 milliard, pour une valeur d’environ 66 milliards de dollars, selon Gary Hufbauer, chercheur principal non-résident au Peterson Institute for International Economics, interrogé par le Washington Post.
« Ce sera extrêmement douloureux »
Ce temps désormais résolu. D’après le récent décret du président américain, les importations chinoises qui bénéficiaient auparavant de cette exemption sont désormais soumises à des droits d’au moins 145% si elles arrivent par transport commercial.
Pour les envois transitant par le service postal, une taxe de 100 dollars par colis s’applique – montant qui passera à 200 dollars dès le mois prochain, ou 120% de la valeur de l’importation.
De quoi contribuer à augmenter les prix des commandes en ligne jusqu’à 30%, coûtant aux consommateurs environ 22 milliards de dollars par an, selon les estimations de Hufbauer.
« Pour les détaillants qui dépendent fortement de la fabrication ou de l’expédition directe depuis la Chine, ce sera extrêmement douloureux« , explique Jess Meher, vice-présidente senior chez Loop, une entreprise spécialisée dans la gestion des retours, au Post.
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