
Même avec la plus grande volonté du monde et un patriotisme débordant, ne consommer que des produits fabriqués aux États-Unis peut s’avérer difficile, comme le révèle un récent reportage du Wall Street Journal.
À l’heure où Donald Trump multiplie les droits de douane tous azimuts contre le reste du monde, y compris certains des plus proches alliés de son pays, dans le but de « faire retrouver à l’Amérique sa grandeur » – en référence à son slogan Make America Great Again (MAGA) – la tendance du consommer-local marque un retour en force dans l’opinion publique américaine.
Notamment au sein de ses partisans et autres personnes qui s’identifient à l’aile la plus conservatrice du parti républicain. Les membres du Grand Old Party (GOP) déclarent ainsi à 76%, dans une enquête Morning Consult menée en mai 2025 auprès de 1 000 adultes américains, avoir intentionnellement acheté des produits fabriqués aux États-Unis au cours de l’année précédente, soit un taux nettement supérieur à la moyenne nationale de 65%.
Cette préférence pour les produits domestiques s’inscrit dans la ligne des valeurs traditionnelles de ce parti qui prône le soutien à l’industrie américaine. Le retour au pouvoir de Donald Trump semble avoir exacerbé cette tendance.
Quand les entreprises jouent sur les mots
En témoigne la prolifération des groupes et autres forums prônant le « Buy American » sur les réseaux. Mais y parvenir n’est pas garanti, l’indiquent certains consommateurs américains au Wall Street Journal (WSJ).
« C’est un véritable parcours qui s’accompagne de frustrations et de mésaventures », confie Dianna Huff, 62 ans, résidente du New Hampshire. Cette militante du made in America, qui souhaite avant tout soutenir les travailleurs manufacturiers américains par ses achats, traque depuis une décennie l’origine de chaque produit qu’elle achète.
Cette quête l’a même conduite à retourner une balance de salle de bain après avoir appris que, malgré les assurances du fabricant sur sa production américaine, l’objet venait d’ailleurs. Cette réalité reflète l’ampleur de la transformation industrielle américaine.
L’art du compromis nécessaire
Les chiffres évoqués par le WSJ sont éloquents. Dans l’industrie automobile, un des leviers d’action de Trump pour réduire le déficit commercial américain, près de la moitié des véhicules neufs vendus aux États-Unis en 2024 ont été assemblés à l’étranger, selon la plateforme S&P Global Mobility.
Quant aux smartphones, la quasi-totalité de ceux commercialisés sur le territoire américain sont fabriqués en Chine. « C’est à cause de la quantité de compétences en un seul endroit. Qu’est-ce qu’il faudrait pour faire ça en Amérique ? Tous les experts à qui j’ai parlé ont dit… ça va prendre du temps et beaucoup d’argent », expliquait le PDG d’Apple, Tim Cook, il y a quelques années.
Dans ces conditions, même les plus fervents défenseurs du made in America sont obligés de faire des concessions. D’autant que, comme le révèle l’enquête Morning Consult, peu de personnes sont prêtes à en payer le prix. Ainsi, seulement 11% de ceux disposés à payer plus cher pour des biens américains acceptent une hausse de prix supérieure à 15%.
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