
Le marché de la pierre précieuse voit ses prix s’effondrer face à la démocratisation des diamants de laboratoire. Ces gemmes artificielles conquièrent même désormais les plus prestigieuses maisons de joaillerie.
Quelle valeur donner au diamant aujourd’hui ? La question ne manque pas de pertinence alors que cette pierre précieuse semble avoir perdu sa rareté légendaire avec la prolifération des diamants synthétiques.
On sait en effet depuis plus de 70 ans, grâce aux avancées scientifiques, qu’il n’est plus nécessaire d’extraire des diamants dans les mines du Botswana ou d’Afrique du Sud. Le procédé de création en laboratoire s’étant largement professionnalisé.
Si bien qu’il est désormais quasiment impossible de différencier à l’œil nu le diamant naturel de son homologue synthétique. Cette situation a d’ailleurs vu naître un marché spécialisé dans la détection, avec des machines vendues plusieurs milliers d’euros, comme l’indique Le Monde.
Par ailleurs, « ces diamants s’imposent dans la joaillerie avec un argument éthique », selon Sylvie Arkoun, consultante en marketing pour les marques de bijoux, qui ajoute toujours au quotidien français, que « la sortie du film Blood Diamond, en 2004, a accéléré leur essor ».
Un marché en pleine transformation
Cette révolution technologique bouleverse l’économie du diamant. Selon l’analyste américain Paul Zimnisky, référence du secteur cité par Le Monde, le prix du carat de diamant blanc a reculé de 20% depuis 2022. La chute est de 40% en quatre ans pour les diamants naturels taillés en rond.
Quant aux diamants de synthèse, déjà moins chers, ils ont perdu la moitié de leur valeur sur la même période. Derrière cette dégringolade figurent des réalités contrastées.
En effet, si les diamants d’exception continuent de battre des records – comme le diamant rose de Marie-Antoinette vendu 12 millions d’euros chez Christie’s en juin -, le marché des pierres plus classiques traverse une crise de confiance majeure.
« En 2020, ceux qui ne pouvaient pas voyager se sont mis à acheter des diamants. Mais en 2023, la demande s’est écroulée en Chine et aux États-Unis« , explique Paul Zimnisky.
Les géants du luxe adoptent la synthèse
Les consommateurs, voyant des diamants synthétiques vendus à une fraction du prix des naturels, remettent en question la valorisation de toutes les pierres. Cette confusion génère une érosion de la confiance dans l’ensemble du secteur.
Paradoxalement, même les plus prestigieuses maisons, comme la marque Fred (propriété de LVMH) ou encore Breitling et TAG Heuer, participent à la légitimation des diamants de laboratoire. Le diamantaire De Beers a d’ailleurs échoué dans sa stratégie défensive visant à contrôler l’impact des diamants artificiels en les positionnant comme des produits bon marché, à travers sa marque Lightbox, désormais fermée.
Dans ce contexte, la tentation de baisser les prix peut sembler logique. Pourtant, Martin Rapaport, CEO du groupe éponyme et figure influente du commerce diamantaire mondial, met en garde : « Si De Beers baisse ses prix, cela signifie-t-il que vous devriez baisser vos prix de détail ? Non ! Les marchés du luxe ne fonctionnent pas de cette manière ».
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