La French Tech en panne sèche

L’écosystème français des start-ups traverse une période difficile, notamment en raison de la raréfaction des financements.

L’élan d’une France devenue « start-up nation » s’essouffle, huit ans après qu’Emmanuel Macron a affiché cette ambition, alors candidat puis président de la République. Les chiffres évoqués par Le Monde témoignent d’une baisse inexorable des financements depuis 2022.

Après le pic de 13,5 milliards d’euros levés en 2022 contre 1,8 milliard d’euros en 2015, l’écosystème entrepreneurial tricolore n’a cessé de décliner.

Les financements se chiffrent ainsi à 8,3 milliards en 2023, 7,8 milliards en 2024, et les premiers mois de 2025 confirment la tendance baissière avec une chute de 30% par rapport à la même période l’année précédente, d’après le cabinet EY.

Dans ce contexte, le chiffre d’un million de start-ups recensées en France en 2023 par l’INSEE semble déjà révolu. Pour cause, les entrepreneurs français, longtemps habitués à lever des fonds sur la seule promesse de croissance exponentielle, se retrouvent confrontés à une réalité plus prosaïque : celle de la rentabilité.

Le réveil brutal après l’ivresse des levées « faciles »

Finies les promesses mirobolantes. Les investisseurs scrutent désormais les bilans avec une rigueur nouvelle, privilégiant la solidité financière aux projections optimistes. L’époque des licornes françaises comme BlaBlaCar, Doctolib ou OVH paraît révolue.

Cette nouvelle donne se traduit dans les chiffres : depuis le début de 2025, seules trois start-ups ont franchi le seuil des 100 millions d’euros de levées de fonds. Loft Orbital (spatial, 170 millions), Powesco (énergie, 150 millions) et Alice & Bob (quantique, 100 millions).

« Il y a un trauma. On vivait une période très stable. Macron, avec sa dissolution de l’Assemblée nationale, donne une claque à tout le monde », confiait en 2024 au journal Le Monde le fondateur d’une start-up d’intelligence artificielle, pointant l’instabilité politique comme cause de cette frilosité.

Comment investir massivement dans un pays dont l’orientation économique reste incertaine ? Le contexte géopolitique tendu n’arrange rien : tensions sino-américaines et répercussions du conflit au Moyen-Orient alimentent cette prudence. « C’est la fin d’une époque », prophétise, amer, le dirigeant mentionné plus haut.

L’innovation face au défi de l’indépendance financière

« Comme il y a moins d’argent et moins d’IPO (entrée en Bourse) en Europe, cela nous oblige à nous professionnaliser plus vite », explique Alexis Normand, cofondateur de Greenly, spécialisée dans le calcul d’empreinte carbone. L’autofinancement redevient une option crédible.

C’est le choix de Romuald Boulanger, cofondateur de La Vitre, qui privilégie l’indépendance à la croissance rapide. « On a fait un prêt et on essaie de ramener du chiffre d’affaires pour financer le développement », explique-t-il au Monde.

Cette crise soulève désormais une question cruciale : la start-up nation survivra-t-elle à Emmanuel Macron, son plus fervent promoteur ?

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