France : le mauvais calcul des jours fériés

Le gouvernement français mise sur la suppression de deux jours fériés pour redresser ses finances publiques, mais cette mesure s’attaque aux symptômes plutôt qu’aux vraies causes du problème.

« L’une des clés du redressement de l’économie du pays réside dans la durée du travail ». Dans sa quête pour renflouer les caisses de l’État, le Premier ministre a trouvé sa cible, le 15 juillet dernier : le prétendu manque d’ardeur des Français au travail.

Cette rengaine répétée par certains responsables politiques a trouvé un nouvel écho dans la bouche de François Bayrou. « Il faut travailler plus, il faut que toute la nation travaille plus pour produire davantage », a déclaré le chef du gouvernement.

« Les Français travaillent en moyenne cent heures de moins que les Allemands », renchérit le ministre de l’Économie Éric Lombard. D’où la proposition de Bayrou de supprimer deux jours fériés afin de rapporter 4,2 milliards d’euros supplémentaires à l’État.

Cette mesure s’inscrit dans un plan plus large visant à réaliser 43,8 milliards d’euros d’économies pour ramener le déficit à 4,6 % du produit intérieur brut (PIB) en 2026. L’approche repose sur une logique comptable simple : plus d’heures travaillées égale plus de production, donc plus de richesse créée.

Le vrai problème : un taux d’emploi insuffisant

Cette équation résiste pourtant peu à la réalité des faits. En effet, si les salariés français à temps complet travaillent effectivement moins que leurs homologues allemands (1 673 heures contre 1 790 par an), l’écart se resserre quand on intègre les travailleurs à temps partiel, bien plus nombreux outre-Rhin.

Au final, en comptabilisant tous les actifs, la France dépasse même légèrement l’Allemagne avec 1 607 heures contre 1 548, selon les données de l’institut Rexecode publiées en décembre 2024.

Ainsi, le problème français n’est pas la durée du travail, mais le nombre de chômeurs : 30% des adultes n’ont pas d’emploi, surtout chez les jeunes et les seniors. Un gâchis de 2,3 millions d’emplois potentiels, d’après Rexecode. Du point de vue strictement économique, l’impact de la mesure proposée semble surévalué par le gouvernement.

Une efficacité économique contestée

Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, estime que « deux jours sur 365, ça revient à peu près à 0,5 % d’activité en plus ». Une estimation optimiste qui contraste avec les données de l’Insee, selon lesquelles un jour férié supprimé n’apporterait que 0,06 point de PIB supplémentaire, soit environ 1,6 milliard d’euros.

En appliquant cette méthode de calcul, deux jours fériés en moins représenteraient 0,12 % de PIB en plus, soit environ 3,2 milliards d’euros. Il s’agit d’un montant certes significatif, mais inférieur aux 4,2 milliards annoncés.

La réalité du terrain révèle par ailleurs, une complexité bien plus importante que ne le laissent entrevoir les annonces gouvernementales. Sur les chantiers et dans les usines, la fatigue se fait sentir en plein cœur de l’été, et les annonces du Premier ministre passent particulièrement mal auprès des travailleurs.

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