
Le géant américain du café vend 60% de ses parts à la société chinoise de capital-investissement, dans le cadre d’une transaction évaluée à 4 milliards de dollars. L’entreprise de Seattle compte ainsi alléger le poids de ses activités dans l’Empire du Milieu pour mieux se relancer.
Starbucks a annoncé le 3 novembre dernier, avoir conclu un accord avec Boyu Capital pour lui céder 60% de ses activités en Chine contre une somme avoisinant 4 milliards de dollars.
Selon des sources proches du dossier citées par Bloomberg, Boyu qui n’est rien d’autre qu’un acteur de capital-risque chinois, cherche actuellement à lever plus de 1,4 milliard de dollars sous forme de prêts à effet de levier auprès de banques locales pour financer cette acquisition.
Fondée en 2011 et basée à Hong Kong, cette société bénéficie d’une forte capacité à lever des capitaux auprès d’institutions financières chinoises. Ce positionnement a probablement joué en sa faveur face à des concurrents tels que Carlyle, EQT et KKR, qui avaient eux aussi manifesté leur intérêt pour un partenariat avec Starbucks.
Un autre facteur déterminant réside dans l’acquisition récente par Boyu de SKP, la plus grande chaîne de centres commerciaux de luxe en Chine.
Un changement de cap dans la stratégie asiatique
Cette double implantation ouvre des synergies importantes, notamment en facilitant l’ouverture de cafés Starbucks dans ces emplacements privilégiés, où la clientèle aisée correspond parfaitement à l’image haut de gamme de la marque américaine.
Cette opération intervient alors que Starbucks peine depuis plusieurs années à conserver sa position dominante face à des acteurs locaux sans cesse plus agressifs, comme Luckin Coffee, après une longue période durant laquelle le groupe américain avait largement dominé le marché.
Luckin Coffee, qui a récemment dépassé Starbucks en nombre de points de vente, est désormais la première chaîne de cafés en Chine. Ce désinvestissement partiel reflète les défis auxquels la marque américaine est confrontée dans une économie où les préférences des consommateurs évoluent rapidement et où la concurrence locale s’intensifie.
« Ce partenariat stratégique avec Boyu Capital représente une opportunité de revitaliser notre présence en Chine avec un partenaire qui comprend profondément le marché local« , a déclaré un porte-parole de Starbucks.
Un modèle remis en question
Cette transaction soulève néanmoins des questions fondamentales sur l’avenir du modèle commercial de la marque américaine dans l’Empire du Milieu. Depuis son implantation en 1999, l’entreprise a adopté une approche résolument haut de gamme, avec des boissons à des tarifs nettement supérieurs à ceux de ses concurrents, et en misant sur des espaces spacieux et confortables où les clients peuvent prendre leur temps.
Ce positionnement contraste fortement avec celui de Luckin Coffee, qui a connu un succès fulgurant en proposant des cafés à des prix plus accessibles, dans des établissements plus petits privilégiant la rapidité du service et les commandes via application mobile.
« Mais ce modèle est de plus en plus déconnecté des attentes des consommateurs chinois, particulièrement des jeunes générations qui privilégient la praticité et le rapport qualité-prix« , explique Zhang Wei, analyste spécialisé dans le secteur de la restauration à Shanghai, interrogé par Bloomberg.

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