Plan de relance européen : la Hongrie et la Pologne opposent leur véto

Siège du Parlement européen à Bruxelles (Belgique).

 

La Pologne et la Hongrie ont mis leur veto au budget et au plan de relance européenne en raison de la clause sur l’« État de droit ». Ces deux pays estiment qu’il s’agit d’un asservissement institutionnel et d’un chantage de l’Union.

Lors d’une réunion des ambassadeurs des pays de l’UE, qui s’est tenue lundi après-midi, la Pologne et la Hongrie ont opposé leur véto au budget de l’UE et au plan de relance massif laborieusement approuvés par les Vingt-Sept en juillet. Le 10 novembre, les eurodéputés et la Commission sont parvenus à un accord sur le budget pluriannuel de 1 074 milliards d’euros, auquel le plan de relance de 750 milliards d’euros est lié.

Budapest et Varsovie dénoncent l’existence d’un mécanisme permettant de priver de fonds européens les pays de l’Union accusés de violer l’Etat de droit (indépendance de la justice, respect des droits fondamentaux). Selon le ministre polonais de la Justice, Zbigniew Ziobro, le critère de l’Etat de droit « n’est qu’un prétexte, un beau mot qui sonne bien à l’oreille, mais il s’agit d’un asservissement institutionnel, politique, d’une limitation radicale de la souveraineté ». De son côté, la ministre hongroise de la Justice, Judit Varga, a indiqué sur Facebook que « Ce n’est pas la Hongrie qui fait du chantage et met la pression sur Bruxelles (…) mais l’inverse ».

Le plan de relance français intact

Manfred Weber, le chef de file du PPE (droite), principal groupe au Parlement européen, a jugé pour sa part « irresponsable » le véto de la Hongrie et de la Pologne car il priverait l’Europe entière de financements en pleine crise économique et sanitaire. « L’Etat de droit ne concerne pas un pays, l’Est ou l’Ouest. Il est neutre et s’applique à tous. Si vous respectez l’Etat de droit il n’y a rien à craindre», a-t-il expliqué sur Twitter. Optimiste quant à l’issue de ce bras de fer, Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes, estime lui qu’« une solution sera trouvée dans les toutes prochaines semaines, la France y est pleinement engagée ».

Il précise toutefois que la poursuite des négociations ne se fera pas en sacrifiant « nos valeurs », ainsi que « l’accord politique historique et unanime » obtenu en juillet. « Cet épisode ne ralentit en rien le plan de relance français, déjà en partie déployé et prévu dans le budget pour 2021, qui sera effectif dès le 1er janvier prochain. Nos 100 milliards d’euros seront là et les 40 milliards d’euros européens arriveront vite en 2021 », a rassuré Clément Beaune.

Des pressions attendues sur Budapest et Varsovie

Les négociations au niveau de l’Union s’annoncent difficiles pour parvenir à un compromis avec la Hongrie et la Pologne, deux Etats dans le viseur de Bruxelles, suite à des réformes accusées de porter atteinte à l’Etat de droit. Mais, ces pays sont très dépendants des fonds européens, ce qui devrait les pousser à adoucir leur ligne. D’ailleurs, ils vont subir toutes sortes de pressions économiques pour les inciter à calmer le jeu, notamment de la part de la France et de l’Allemagne. La recherche d’une solution démarre lors d’une réunion des ministres des Affaires européennes ce mardi, deux jours avant un sommet, officiellement consacré à la lutte contre la pandémie.

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