Substack, la plateforme d’autoédition « anti establishment »

En moins d’un an, Substack a doublé son nombre d’abonnements payant. Cette plateforme d’autoédition lancée en 2017, permet à des auteurs publiant leurs textes d’être rétribués en fonction du succès rencontré. L’argument qui séduit certains auteurs repose dans la liberté d’expression dont ils jouissent sur Substack. La rémunération est également un point fort, qui en 2020, s’est fortement accrue en raison d’un retour en force des lecteurs en période de confinement.

Cette augmentation récente du nombre d’abonnés sur Substack fait se bousculer de grands jouranlistes issus de la presse américaine qui quittent leur poste pour tenter leur chance sur le site. 500 000 abonnés sont recensés sur la plateforme, soit deux fois plus qu’en décembre 2020. Cet eldorado séduit grâce à son business model : la rémunération des auteurs par le nombre de lectures de leurs articles. Certains auteurs sont même démarchés par le site, promis à une avance atteignant parfois plusieurs centaines de milliers de dollars. Cette stratégie agressive de la part de Substack de s’entourer d’auteurs influents semble porter ses fruits.

Une philosophie du self-publishing et de l’anti-establishment

Certaines grandes figures des médias américains comme le journaliste d’investigation Glenn Greenwald venant du Guardian accusent l’omniprésence de la censure et de l’homogénéité politique dans les médias traditionnels. Ces problèmes ont motivé ainsi l’arrivée de ces auteurs sur Substack. Cette fonction de donner libre cours à l’expression de ses utilisateurs devient l’avantage concurrentiel de la plateforme par rapport à ses concurrents. Le site promet en quelque sorte le Graal pour les auteurs qui ne peuvent rêver de meilleures conditions pour leur travail.

Charlie Warzel se confie également à propos de son arrivée sur la plateforme Substack. Sa motivation fut celle d’échapper à la contrainte de voir son travail réorienté par les éditeurs. Il ne souhaitait plus rentrer dans les clous d’une ligne éditoriale et relayer des opinions qu’il ne partage pas. À son arrivée, il refusa l’avance proposée par la plateforme n’étant intéressé que par les libertés proposées.

Un tremplin pour les auteurs non-professionnels de l’information

Si la stratégie principale de Substack est de gagner en notoriété en attirant des auteurs vedettes sur la plateforme, ce ne sont pas ces derniers qui font le plus de clics. Il s’avère que les auteurs les plus lus quotidiennement et ayant le plus d’abonnés ne sont pas ces auteurs professionnels de l’information. Il s’agit entre autres d’auteurs spécifiques venant d’autres horizons et étant de véritables spécialistes à propos de domaines variés et précis.

C’est le cas par exemple, de l’auteure la plus suivie de la plateforme. Elle reste volontairement anonyme et compte plus de 350 000 abonnés. Nommée Heather Cox, c’est une spécialiste de l’histoire des États-unis du XIXe siècle, vulgarisant au travers du débunkage, l’image de la politique américaine à cette époque.

Substack est donc un outil puissant face au déclin de la presse comme celui de la presse locale par exemple qui a perdu un quart de ses quotidiens en quinze ans. La plateforme peut alors s’avérer être un bon moyen pour les journalistes qui peinent à survivre, en leur promettant un revenu régulier et une audience croissante.

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