Huawei et Qwant, le mariage de la raison ?

Le moteur de recherche anti-Google vient d’accepter 8 millions d’euros de la part du géant chinois des télécoms pour se renflouer. Nouvelle étape d’une alliance qui ne fait parler.

C’est l’allégorie de deux groupes qui ont autant besoin de s’allier que de se craindre. Il y a d’un côté Huawei, mastodonte chinois des télécommunications aux grandes ambitions, mais en proie à l’hostilité de plusieurs pays. Et de l’autre Qwant, modeste moteur de recherche français qui se rêve en bourreau de Google, le géant mondial du secteur. Les deux parties ont scellé courant mai un nouveau partenariat, selon des informations de la presse américaine confirmée mardi 15 juin par Qwant. Concrètement, Huawei va injecter huit millions d’euros dans les caisses de Qwant à travers des obligations convertibles.

Aider au développement de Qwant

Il s’agit selon les responsables du moteur de recherche, de la suite du partenariat avec le groupe chinois. Et cela devrait se matérialiser par le déploiement de Qwant sur les prochains smartphones Huawei en vente en Europe.

Ce n’est effectivement pas la première fois que les deux acteurs de la tech s’allient. En mars 2020, le moteur de recherche et la firme chinoise avaient officialisé un accord permettant à Qwant de figurer par défaut sur le modèle P40 de Huawei. Ce rapprochement n’avait pas manqué de faire réagir. Et pour cause, Huawei est depuis quelques années dans le collimateur de plusieurs pays qui le soupçonnent de servir les intérêts de l’État chinois. Ces soupçons valent d’ailleurs à l’entreprise une guerre commerciale et technologique ouverte avec les États-Unis. S’allier avec un tel acteur est embarrassant pour Qwant, une start-up française que les pouvoirs publics européens – Paris et Berlin en tête –, soutiennent à bout de bras.

Un besoin mutuel

Mais Qwant ne pouvait pas vraiment faire autrement. Tant le moteur de recherche bute sur ses ambitions depuis sa création en 2013. Malgré son pari du respect de la vie privée, la plateforme démesurément baptisée le « Google européen », n’y arrive pas. Son modèle économique n’est toujours pas rentable. En cause, des pertes s’établissant à 15 millions d’euros en moyenne depuis 2018, selon des chiffres du site d’information Politico Europe. En 2020, les actionnaires ont même dû procéder à une recapitalisation d’une dizaine de millions d’euros.

Cette situation de saignée financière continue a sans doute convaincu le groupe d’accepter le renflouement de Huawei. Mais à quel prix ? Qwant bien gêné par la question indique qu’il s’agit seulement d’un financement par obligations et non d’une entrée au capital.

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