Dans la nuit du jeudi à vendredi, les députés français ont adopté un projet de loi sur l’utilisation de l’huile de friture comme carburant. Selon les auteurs de ce texte, l’usage de ce produit permettra de réduire jusqu’à 90 % la pollution au gaz à effet de serre, par rapport au diesel classique.
Les députés français ont approuvé, dans la nuit de jeudi 21 au vendredi 22 juillet, un texte sur l’utilisation de l’huile alimentaire usagée comme carburant. C’est un amendement proposé par les élus du groupe EELV, dans le cadre de l’examen en première lecture du projet de loi pouvoir d’achat. Déposé par Julien Bayou, il avait déjà reçu l’avis favorable du gouvernement, qui y voit un moyen de faire face à la hausse des prix à la pompe.
Peut être utilisée en pure ou en mélange
Le porteur du projet de loi, Julien Bayou reconnait une proposition inattendue et pouvant « faire sourire ». Mais il estime qu’il s’agit d’« un élément d’indépendance énergétique » meilleur que le pétrole des monarchies pétrolières ». Le député EELV de la Ve circonscription de Paris vante également son impact environnemental. D’après ses calculs, 10 litres d’huiles usagées correctement retraitées (décantés et filtrés) peuvent donner 8 litres de carburant presque totalement propre. Ce carburant rejetterait jusqu’à 90 % moins de gaz à effet de serre qu’un diesel classique.
Aussi, l’huile de friture émettrait beaucoup moins de particules fines et coûterait beaucoup moins chère qu’un carburant fossile. Julien Bayou précise qu’on peut l’utiliser en pure ou en mélange à 30 % dans les moteurs diesel de conception ancienne et jusqu’à 100 % avec certaines adaptations. Il fait référence en particulier aux huiles issues des résidus de matières grasses d’origine végétale ou animale utilisées dans l’agroalimentaire, la restauration collective, le commerce et l’industrie. Par ailleurs, elles seraient d’autant profitables qu’elles n’entrent pas en concurrence avec l’alimentation.
Un usage encore illégal en France
Pour Julien Bayou, on ne pouvait pas rêver à un meilleur carburant que l’huile de friture. En effet, outre ses qualités environnementales, elle est produite en grande quantité en France. La restauration à elle seule utilise chaque année jusqu’à 170 millions de litres. Et moins de 25 % bénéficient d’un recyclage et d’une valorisation. « En France, on n’a pas de pétrole mais on a de l’huile de friture », plaisante à ce sujet le député écologiste. Il souligne toutefois que « c’est illégal en France » d’utiliser comme carburant les huiles de friture. « Mais [c’est] très répandu en Europe et dans nos régions et de manière clandestine », ajoute-t-il.
En France, le code des douanes interdit de rouler avec un carburant à base d’huile alimentaire usagée car non homologué et de surcroit non soumis à une taxe. Ainsi, vous pourriez écoper d’une amende si un douanier constate que vous roulez avec ce produit. Quant aux accidentés de la route, ils n’ont pas droit à une indemnisation de la part de leur assurance s’ils roulaient avec ce genre de carburant au moment du drame. Si elles saluent ce projet de loi, certaines associations de protection de l’environnement craignent qu’il ne donne lieu à une forme de greenwashing, surtout l’huile de palme. D’autres suggèrent de l’utiliser uniquement en milieu rural ou dans les transports collectifs adaptés.
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