
La première fortune de France dénonce la hausse des impôts, prévue par l’État, sur les grandes entreprises, agitant la menace d’une délocalisation à l’étranger.
C’est peu dire que Bernard Arnault n’est pas particulièrement ravi en ce début d’année. Le PDG de LVMH voit le bénéfice net de son groupe chuter de 17% sur les douze derniers mois, tandis que le chiffre d’affaires recule de 2%. Et comme si cela ne suffisait pas, il devra désormais faire face à une hausse d’impôts.
En effet, le gouvernement prévoit de monter à 40% les taxes prélevées les bénéfices des grandes entreprises – celles avec plus de trois milliards d’euros de chiffre d’affaires notamment –, afin de maximiser un tant soit peu les recettes publiques, dans un contexte de déficit plongeant.
Les chiffres attendus par cette mesure sont d’environ 8 milliards d’euros pour les caisses de l’État. Un comble pour Bernard Arnault, qui en a manifestement ras sous la ceinture. L’industriel français a ainsi saisi l’occasion de la publication des chiffres annuels de son entreprise, mardi 28 janvier, pour le faire savoir.
Une menace de délocalisation à peine voilée
« Je reviens des USA et j’ai pu voir le vent d’optimisme qui régnait dans ce pays. Et quand on revient en France, c’est un peu la douche froide », a déclaré celui qui était une semaine plus tôt aux premières loges de la cérémonie d’investiture du nouveau président américain Donald Trump, dans des propos rapportés par Le Monde.
Le patron de LVMH a particulièrement insisté sur l’attractivité du marché américain, où les impôts « vont descendre à 15% » et où les ateliers sont subventionnés dans plusieurs États. Cette comparaison peu flatteuse pour la France s’accompagne d’une menace à peine voilée de délocalisation.
« Pour refroidir les énergies, [on fait] difficilement mieux. Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal (…) Je ne sais pas si c’est vraiment l’objectif du gouvernement, mais en tout cas, il va l’atteindre », a-t-il affirmé, ajoutant être « fortement sollicité » par les autorités américaines pour développer ses implantations outre-Atlantique.
Le gouvernement ménage la chèvre et le chou
Face à cette offensive d’un poids lourd de l’économie française, le gouvernement tente de calmer le jeu. Sophie Primas, son porte-parole en l’occurrence, dit « comprendre sa colère », tout en défendant une mesure présentée comme temporaire et nécessaire face à une « mauvaise passe » budgétaire.
Reste que le milliardaire ne croit pas à l’argument d’une mesure temporaire. « Une fois qu’on a augmenté les impôts de 40 %, qui va les baisser de 40 % ? », se demande-t-il notamment. De quoi déclencher de vives réactions au sein de l’opinion, notamment à gauche.
Fabien Roussel, chef de file du Parti communiste, a dénoncé un « patriotisme en carton », tandis que Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a rappelé les records de dividendes atteints en 2024. Quant au député « insoumis » Antoine Léaument, il agite une possible « réquisition des biens de ceux qui trahissent leur pays et fuient l’impôt ».
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