Critiqué pour son manque d’ambition concernant l’hydrogène vert, le gouvernement français a enfin décidé de passer à l’action. Dans son plan de relance présenté le jeudi 3 septembre, il consacre à cette filière 2 milliards d’euros sur les 30 milliards dédiés à la transition énergétique.
L’hydrogène vert mis sur orbite
Le Premier ministre Jean Castex a présenté, le jeudi 3 septembre 2020, son plan de relance à 100 milliards d’euros. La transition écologique constitue le principal levier de cette reprise économique de notre pays. Elle bénéfice de 30 milliards d’euros, dont 2 milliards sont dédiés à la filière de l’hydrogène vert. Jean Castex souhaite lui consacrer 7 milliards d’euros d’ici 2030 afin de faire de la France un « pays de pointe » en la matière. « C’est un énorme coup d’accélérateur, avec un objectif simple, construire une filière française de l’hydrogène décarboné, de portée internationale, avec à la clé, 6 millions de tonnes d’émissions de CO2 économisés en 2030 », a fait valoir Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique.
Ce nouveau plan fait suite à celui lancé par Nicolas Hulot en 2018. L’ancien Ministre de la Transition écologique et solidaire avait notamment déclaré que « L’hydrogène peut devenir l’un des piliers d’un modèle énergétique neutre en carbone » car il « permet de stocker l’électricité, d’alimenter des voitures, de recycler du CO2, de rendre les processus industriels plus propres, etc. ».
« Le pari de l’hydrogène doit être pris »
Le plan de 2 milliards d’euros visera particulièrement la décarbonation de l’hydrogène. Au lieu d’utiliser une molécule issue d’hydrocarbures, une technique encore émettrice de C02, l’idée est de produire cette ressource en utilisant de l’électricité décarbonée (renouvelables et nucléaire), par électrolyse de l’eau. Mais il se posera nécessairement le problème du coût car cette technologie reste gourmande en énergie. Pour surmonter cette difficulté, le gouvernement a prévu 1,5 milliards d’euros pour la fabrication d’électrolyseurs d’une capacité de 6,5 gigawatts. « La baisse des coûts viendra d’unités d’électrolyse plus grandes et d’effets de série. », souligne Marc Florette, membre de l’Académie des technologies, qui vient de publier un rapport sur le sujet, intitulé « Rôle de l’hydrogène dans une économie décarbonée ».
S’il reconnait qu’« Il reste beaucoup d’incertitudes », il estime que « le pari de l’hydrogène doit être pris. Pas parce qu’autour de nous d’autres puissances majeures – l’Allemagne, le Japon, les États-Unis, la Chine, etc. – ont fait ce choix, mais parce que nous croyons réellement que l’hydrogène peut jouer un rôle dans notre avenir », explique Marc Florette. Il considère qu’aujourd’hui « Les technologies sont assez matures pour se lancer dans l’aventure hydrogène. Une façon de répondre aux industriels qui invoquent un manque de technologies et de connaissances approfondies, surtout concernant l’hydrogène naturel.
Au Mali, la révolution énergétique a déjà commencé
La communauté scientifique a longtemps pensé qu’aucune accumulation naturelle d’hydrogène n’était possible sur les continents. Ce qui a été démenti au début des années 2010 avec la découverte d’importants gisements en Russie et au Mali, qui se positionne depuis quelques années comme la patrie de l’hydrogène naturel grâce à la société Hydroma Inc. Cette entreprise fondée par l’homme d’affaires malien Aliou Boubacar Diallo a identifié une vingtaine de puits positifs dans le cercle de Kati.
Depuis 2012, Hydroma Inc. transforme l’hydrogène naturel en électricité propre grâce à une unité pilote installée près du village de Bourakébougou. L’énergie verte produite est distribuée gratuitement aux habitants. Constatant le succès de ce test, l’entreprise a récemment lancé la production d’électricité verte à grande échelle. Parallèlement, elle effectue des prospections en Australie et au Canada, où se situe son siège.
Laissez un commentaire