Le pari risqué des nouveaux boursicoteurs

Avec la diversification des opportunités de paris vient une plus grande exposition aux risques pour une génération en mal d’ascension sociale, économique et financière.

Il est loin le temps où le secteur boursier traditionnel représentait le seul marché spéculatif. Des cryptomonnaies, aux paris sportifs, sans oublier les résultats électoraux ou encore les tendances des réseaux sociaux, chaque domaine de la vie économique et sociale semble devenir un terrain de jeu pour des investissements.

Cette tendance à la spéculation tous azimuts, favorisée entre autres par la démocratisation des outils d’investissement et la multiplication des plateformes de trading a fait émerger une nouvelle génération de spéculateurs à la fois plus connectée, plus réactive, mais aussi plus encline aux risques.

Aux États-Unis, de nombreux indicateurs témoignent d’une masculinisation du phénomène. L’institut Pew Research révèle ainsi, dans une étude publiée fin octobre que 42% des hommes de 18 à 29 ans ont investi dans les cryptomonnaies, contre seulement 17% des femmes de la même tranche d’âge.

Kalshi, une des nombreuses plateformes de paris politiques en vogue ces derniers temps présente des statistiques encore plus marquées, avec 85% d’utilisateurs hommes, dont près de la moitié ont moins de 30 ans.

La revanche des « marginaux » de la finance

Pour ces acteurs d’un nouveau type, le marché spéculatif moderne représente quasiment le seul moyen de s’en sortir dans un système économique perçue, à tort ou à raison, comme structurellement défavorable à leur génération.

C’est le cas de Byron Hayes, qui estime auprès du Wall Street Journal (WSJ) avoir « pris enfin la bonne décision dans la vie » en raison du boom de ses retours sur investissement ces derniers temps.

Ce développeur en cybersécurité de 34 ans qui a longtemps fait chou blanc sur les monnaies en virtuelles, les paris et les actions mèmes au point de se voir affubler du surnom peu flatteur d’ »Échec Financier » sur les forums en ligne, peut en effet désormais se féliciter de ses positions d’investissements.

Pour cause, son portefeuille crypto bondir de plus de 30% depuis la présidentielle américaine du 5 novembre et la victoire du candidat républicain Donald Trump.

Une nouvelle culture d’investissement inquiétante

Ce dernier promet davantage de souplesse pour l’industrie de ces monnaies numériques. De quoi faire exploser la valeur du Bitcoin, la plus célèbre d’entre elles, au-delà des 100 000 dollars pour la première fois de l’histoire.

Plus généralement, les investissements « alternatifs » (cryptomonnaies, actions spéculatives, paris sportifs…) ont largement surperformé les placements classiques, comme le montre un portefeuille test ayant rapporté 62% en 2024, contre seulement 20% pour un portefeuille traditionnel, selon le WSJ.

Dans ce contexte, les parallèles avec la bulle internet des années 2000 se multiplient, tout comme les avertissements sur les risques d’une correction brutale.

« Les périodes d’euphorie comme maintenant sont probablement les pires parce que les gens ne montrent que leurs gains de 100 000 dollars, pas les pertes », résume dans le Wall Street Journal, Jahred Jones, 33 ans, qui a pourtant fait passer son investissement de 2 000 dollars en un gain de 80 000 dollars grâce à la cryptomonnaie.

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