Procès antitrust : Sundar Pichai (Google) entendu à son tour

Google Chrome
Photo de Nathana Rebouças sur Unsplash

Sundar Pichai, CEO de Google, a été appelé à la barre lundi par le Department of Justice (DOJ) dans le cadre d’un procès antitrust. Le dirigeant américain a défendu les manœuvres et accords conclus par son groupe pour maintenir son statut de numéro un du web.

Le Department of Justice (DOJ, ministère américain de la Justice) a entendu lundi Sundar Pichai, CEO de Google, dans le cadre d’un procès antitrust débuté le 12 septembre dernier. Objectif : faire toute la lumière sur les milliards de dollars versés chaque année par le géant technologique aux fabricants d’appareils, aux principaux opérateurs américains et aux développeurs de navigateurs pour maintenir son statut de numéro un du web.

Google détient environ 90 % du marché de la recherche

Le juge Amit Mehta, en charge du procès, avait ordonné à Google de divulguer le montant réel. Après des réticences, l’entreprise a fini par ouvrir les dossiers. Prabhakar Raghavan, son responsable de la recherche et de la publicité, a dévoilé début octobre que son groupe avait dépensé 26,3 milliards de dollars en 2021 pour que son moteur de recherche s’affiche par défaut dans bon nombre d’appareils électroniques et de logiciels.

Parmi les principaux bénéficiaires de cette somme figure Mozilla, AT&T, Samsung et Apple, à qui Google verserait de 4 à 8 milliards de dollars par an pour être installé par défaut dans Safari. Aujourd’hui la firme de Moutain View détient environ 90 % du marché de la recherche. Et sa division dédiée a enregistré une hausse de 311 % de ses revenus en 2021 à plus de 146 milliards de dollars.

Microsoft dénonce un accord oligopolistique avec Apple

Il y a quelques jours, Satya Nadella, CEO de Microsoft, avait été appelé à la barre en qualité de témoin. Le dirigeant de la multinationale informatique avait qualifié l’accord entre Google et Apple de « simple accord oligopolistique ». Il a révélé que son groupe avait l’intention de payer, à la marque à la pomme, jusqu’à 15 milliards de dollars par an pour promouvoir son moteur Bing. Mais qu’Apple a profité de son offre pour faire monter les enchères avec Google. Ce dernier userait d’ailleurs de toute sa puissance pour faire plier son partenaire.

Google ne trouve rien d’illégal dans ses contrats

Devant le juge lundi, Sundar Pichai n’a pas manqué de répondre à Microsoft et à son navigateur Internet Explorer. Il a déclaré que le lancement de Chrome s’imposait face au produit de Microsoft qui ne s’améliorait pas. Google aurait constamment investi pour maintenir la compétitivité de ses activités de recherche et de publicité. Aussi, le CEO estime que les accords avec Apple et les autres groupes ne sont en rien illégaux. Même si les sommes versées par son entreprise pousse la marque à la pomme à renoncer à son propre moteur de recherche…

Toujours possible de modifier les valeurs par défaut

Concernant l’installation par défaut de Google au détriment de services alternatifs, Sundar Pichai rappelle qu’en quelques clics, les utilisateurs peuvent changer les paramètres par défaut de leur smartphone ou navigateur. Il ne s’agirait donc pas d’une contrainte. Pourtant, dans un vieux document présenté par le DOJ, à l’époque où M. Pichai n’était pas encore le CEO de la multinationale, Google semble comprendre le bénéfice d’installer par défaut son moteur de recherche. Le mastodonte américain y indique que 75 % des internautes ne pensent jamais à modifier les valeurs par défaut et que celles-ci « ont un fort impact »…

Une procédure qui va mettre du temps

Le procès antitrust visant Google se poursuit. Il va durer au total dix semaines. Mais la procédure dans son ensemble pourrait prendre plusieurs années avant une décision définitive. Le DJO devra déterminer dans quelles mesures les pratiques du géant technologique sont anticoncurrentielles et verrouillent le marché de la recherche et de la publicité. A l’issue du procès, le juge Amit Mehta pourrait interdire à Google de conclure ce type d’accords à l’avenir. Mais pas sûr que cela suffise à détourner les internautes, déjà habitués au puissant Chrome. Sauf peut-être si Apple lance son propre moteur…

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